Le processus créatif lié à la conception du jeu 55 Icônes

pdficon_largeTélécharger l’invitation à l’exposition en format PDF

image_article

Je fais une recherche, et ce, depuis 30 ans pour traduire les comportements psychologiques en archétypes. Ma démarche à la fois artistique et scientifique se situe à cheval entre les sciences cognitives, l’histoire du langage symbolique et l’utilisation des images projectives en psychologie organisationnelle. L’ensemble de cette recherche est ponctué d’expériences artistiques, peinture, photo, création de tissus et de vêtements peints, qui m’ont permis de transposer le caractère abstrait de mon processus créatif. Dans l’exposition qui aura lieu au centre culturel Regina Assumpta à partir du 24 septembre, les œuvres proposées cristallisent ma mouvance imaginaire à travers différents types d’images, dont les dénominateurs communs sont les mouvements élémentaires et la couleur. L’ensemble des œuvres exposées, incluant le jeu 55 ICÔNES, témoigne de ma principale préoccupation : stimuler mon processus imaginatif en jouant avec l’abstraction et la figuration. Continuer la lecture de « Le processus créatif lié à la conception du jeu 55 Icônes »

Que voyez-vous dans cette image ?
Faire travailler son imagination ou jouer avec son monde imaginaire ?

Festival_jeu_27_webAu Festival Juste pour Rire, en juillet dernier, je proposais de « jouer » avec sa mémoire et son imagination en utilisant le jeu 55 ICÔNES, autant en famille qu’en petit groupes d’amis, en couple qu’en solitaire. Certains adultes m’ont dit, mi sérieux, qu’ils étaient en vacances et qu’il n’était pas question pour eux de « faire travailler » leur mémoire et encore moins leur imagination. La boutade était accompagnée par cette question d’importance capitale à leurs yeux : Y a-t-il quelque chose à gagner ? Est-ce à dire que « jouer » avec son imagination demande un effort tel qu’il peut devenir douloureux, voire pénible, s’il n’y a pas de contrepartie à l’effort ? La motivation ne serait pas au rendez-vous et n’aurait pas de sens en dehors d’un cadre professionnel prédéterminé ? Pourtant, notre monde imaginaire n’a pas ses assises dans un effort physique ou intellectuel défini à l’avance.  Dans la vie de tous les jours, l’imagination humaine carbure aux perceptions de toutes sortes et fonctionne pour rassembler et ordonner les multiples informations que nous enregistrons afin de leur donner rapidement un sens. Et, parfois, nous devons réactualiser dans un contexte particulier ce monde imaginaire lié à notre réalité sociale pour que le sens trouvé soit synchronisé avec les différentes composantes de notre environnement.

En y pensant bien, il y a effectivement quelque chose à gagner en « jouant» avec son monde imaginaire, mais pas nécessairement quelque chose de tangible comme un prix ou un trophée. Faire l’exercice d’aller dans son monde imaginaire est somme toute salutaire et même souhaitable pour avoir une autre vision de la réalité, pour communiquer et pour mieux se connaître. Notre monde imaginaire reste une zone en perpétuel développement qui, à l’exemple de nos rêves, a sa logique propre et redonne du sens à ce qui semble parfois cruellement en manquer. Continuer la lecture de « Que voyez-vous dans cette image ?
Faire travailler son imagination ou jouer avec son monde imaginaire ? »

Blessures psychiques et représentations symboliques

image_article_juinSi une blessure psychique est difficilement définissable en des termes scientifiques clairs, l’image populaire pour camper ce type de fragilité ou de blessure est d’y reconnaître une « cassure » à l’intérieur de nous.

Les blessures psychiques, même celles qui semblent anodines pour certains, sont toutes préoccupantes. Elles nous rappellent que nos principes de vie, nos croyances les plus ferventes comme nos valeurs dites essentielles peuvent se « fissurer » rapidement. Liées à des événements traumatisants, des relations troubles, des erreurs de jugement comme des dépendances de toutes sortes, nos blessures psychiques influencent le sens que l’on donne à la réalité et ébranlent parfois le fondement même de ce qui semblait être notre maturité psychologique. Au-delà de la complexité des composantes en jeu et de la gravité de nos difficultés de parcours, il est bon de regarder quel est le sens que l’on donne à ces « cassures intérieures » que l’on traine souvent pendant plusieurs années, sinon toute une vie. Continuer la lecture de « Blessures psychiques et représentations symboliques »

Avez-vous des dissonances cognitives au niveau social ?

Image Mars 2014Les urgences des hôpitaux sont envahies par les psychotiques et les dépressifs. Les centres carcéraux ont de plus en plus de la difficulté à «accueillir» les vagues successives d’emprisonnement de forcenés vivant un déséquilibre mental. Les corps policiers se donnent des formations pour «réagir» différemment face à l’augmentation des itinérants souffrant de problèmes mentaux. Nos soldats reviennent du théâtre opérationnel avec des pensées suicidaires reliées à des chocs post-traumatiques difficilement compréhensibles pour leur famille. Sans oublier un taux effarant de réclamations en assurance maladie des travailleurs qui demandent des congés pour cause de dépression et de burn out (50% de la totalité des réclamations*). Que tout ce beau monde devienne «malade» pour différentes raisons indique que nos sociétés commencent par se dégrader avec l’augmentation du stress psychologique des individus : une nouvelle sorte de pandémie invisible à l’échelle mondiale fragilise le développement psychologique et psychique des citoyens. Continuer la lecture de « Avez-vous des dissonances cognitives au niveau social ? »

Comprendre les problèmes de stress psychologique grâce à des images abstraites

L’approche 55 ICÔNES

image_articleL’objectif de l’approche est de faciliter la communication et la connaissance de soi en groupe au moyen d’un jeu sérieux. L’approche est particulièrement destinée à tous ceux et celles qui interviennent quotidiennement auprès de personnes souffrant de dépression, de choc post-traumatique, de détresse psychologique ou de déséquilibre mental à cause de situations ou d’événements perturbants.

L’approche ludique n’a pas à priori de visée thérapeutique et ne doit pas être utilisée pour soulager, voire guérir les personnes atteintes de maladie mentale. Sa première utilité est de servir de représentation symbolique pour mettre en image la complexité d’un développement psychique et psychologique. Le jeu de 55 images permet de recréer, symboliquement, une sorte d’équilibre psychique dans le simple fait de mettre en images la complexité de son monde intérieur. Les 55 images, incluant l’interface de jeu, sont toutes calibrées pour stimuler l’imagination et augmenter la profondeur dans la communication. Les exercices de groupe ou individuels aident à cerner les différents cycles de vie, professionnels et familiaux, correspondant à un développement psychologique spécifique.

Faire l’expérience de 55 ICÔNES, c’est s’ouvrir à la connaissance de soi par l’image pour mieux se raconter et prendre le temps de reconstruire, abstraitement, ce que nous considérons comme un monde furtif qui nous habite et nous transforme quotidiennement.

Les assises scientifiques et historiques
de l’approche 55 icônes

Les assises historiques et scientifiques du jeu 55 ICÔNES se rattachent à quatre mises en application.

INTRODUCTION :

  • Évaluer les états psychologiques et émotionnels en utilisant des images, des formes et des couleurs.
    Domaines scientifiques : psychologie, psychiatrie.
  • Créer un langage imagé universel issu de notre mémoire collective
    Domaines scientifiques : anthropologie, sociologie, histoire des civilisations, histoire du langage, science héraldique, histoire des religions, histoire des symboles, histoire des chiffres.
  • Comprendre certaines ambigüités perceptives qui modifient notre façon de voir la réalité, qu’elles soient du domaine de l’abstraction ou de la figuration.
    Domaines scientifiques : Optique, mathématiques, neurologie.
  • Calibrer notre développement psychologique par l’émission et la réception des ondes visibles à travers des exercices de projection et de représentation symbolique.
    Domaines scientifiques : Optique, physique quantique, spectroscopie, chromothérapie.

Approche_page1

La conception du jeu 55 ICÔNES tient compte de plusieurs avancées scientifiques dans divers domaines comme la psychiatrie, la psychologie, la sociologie, l’anthropologie, la physique quantique, la spectroscopie, la chimie, les mathématiques, l’optique et les neurosciences de même que des expériences picturales de peintres et illustrateurs de renom.

L’objectif du jeu est de faciliter la communication et la connaissance de soi. Le jeu est particulièrement destiné à tous ceux et celles qui interviennent quotidiennement auprès de personnes souffrant de dépression, de choc post-traumatique, de détresse psychologique, de déséquilibre mental à cause de situation ou d’évènements perturbants.

Le jeu n’a pas à priori de visée thérapeutique et ne doit pas être utilisé pour soulager, voire guérir les personnes atteintes de maladie mentale. Sa première utilité est de servir de représentation symbolique pour mettre en image la complexité d’un développement psychique et psychologique. Le jeu permet de recréer une sorte d’équilibre psychique dans le simple fait de mettre en images la complexité de son monde intérieur. Les 55 images du jeu, incluant l’interface, sont toutes calibrées pour stimuler l’imagination et augmenter la profondeur dans la communication. Les exercices de groupe ou individuel aident à cerner les différents cycles de vie, cycles professionnels et cycles familiaux, correspondant à un développement psychologique spécifique.

Faire l’expérience de 55 ICÔNES, c’est s’ouvrir à la connaissance de soi par l’image pour mieux se raconter et prendre le temps de reconstruire, abstraitement, ce que nous considérons comme un monde furtif qui nous habite et potentiellement nous transforme quotidiennement.

Michel Delage

pdficon_largeEn savoir plus (PDF, 32 pages, 2.6 Mo)

L’art du savoir-prendre

Image janvier 2014

Nous sommes dans un monde de commerçants et d’économistes qui veulent faire des investissements judicieux dans une économie de libre marché où l’évaluation de leur transaction se fait par une fluctuation boursière. Quand il s’agit de vendre à l’échelle mondiale, il faut que la performance soit au rendez-vous afin d’augmenter les dividendes des actionnaires. Ainsi, la création de notre richesse collective n’est pas axée seulement sur un savoir-faire professionnel mais aussi sur un «savoir- prendre» qui exige de bonnes stratégies d’acquisition permettant de se construire un portefeuille d’actions, lequel devra être le plus rentable possible.

Mais de quelle richesse collective parle-t-on quand ce système financier hypercomplexe n’est efficace que pour un faible pourcentage d’initiés ? Quand il s’agit d’analyser le développement des pays qui croulent littéralement sous des dettes nationales faramineuses, comment fait-on pour croire en l’existence d’une richesse aussi difficile à réaliser qu’à concevoir bénéficiant de règles administratives parallèles qui redirigent les profits vers des paradis fiscaux ? Quand nous parlons du développement économique et des fluctuations des devises, tous les bilans sont négatifs et très souvent il est difficile d’en faire un tableau complet tellement on nous cache la vérité à travers une gestion occulte des données. Seules les multinationales démontrent (semble-t-il) une rentabilité dans l’exercice de leur comptabilité à deux vitesses. Si plusieurs experts nous prédisent des changements sociaux inévitables à cause d’un manque à gagner impossible à combler, la question se pose : Comment se fait-il que nos sociétés se sont appauvries et endettées alors que nous sommes tous et toutes supposés travailler à notre enrichissement collectif ? Il se peut que la corruption et la collusion de nos décideurs comme la spéculation sur les inventaires et les stocks à venir y soit pour quelque chose.

Le travailleur de toutes les nations, en plus d’avoir peur de perdre son emploi à n’importe quel moment, voit disparaître son fonds de pension à cause d’investissements toxiques et absorbe, de jour en jour, le stress de l’augmentation du coût de la vie qui ne cesse de gruger son maigre pouvoir d’achat. Dans les faits, nous payons le quadruple du prix de notre force de travail pour amasser une richesse collective qui nous oblige à tomber dans l’illégalité pour y avoir accès. À ce compte, il est presque normal de se considérer trompé par un double discours de nos élus qui veulent à la fois représenter le peuple mais faire gagner les riches, car ces derniers contrôlent l’économie. Quand notre ministre des finances annonce une baisse du taux d’intérêt directeur ou une baisse d’impôts, c’est pour nous donner la possibilité d’emprunter encore plus. Mais sommes-nous plus riches parce que nous pouvons augmenter facilement les limites de nos cartes de crédits ?

Certains vivent comme des princes. Une classe de richissimes nous montre que c’est possible de s’élever au dessus du groupe et d’avoir une vie florissante. De-ci de-là, il y a bien des personnalités généreuses et attentionnées qui donnent de leur temps et même de leur fortune, montrant l’importance d’aider les autres, ce qui est très bien. Mais la liste est longue et s’allonge de plus en plus de groupes communautaires, voire de pays en difficulté, de gouvernements acculés à la faillite, de collectivités affamées, de réfugiés laissés à eux-mêmes, de déplacés si ce n’est pas carrément de dépossédés de leur terre au profit de multinationales ayant modifié les lois, par lobying interposé, afin de mieux s’approprier le bien public. Sacrifiés à l’hôtel du profit rapide et de la rentabilité économique des grandes sociétés, nous sommes aspirés inexorablement dans le « savoir-prendre » des spéculateurs dont l’ambition mercantile se résume à la privatisation des revenus et à la socialisation des dettes.

Paradoxalement, toutes les nouvelles grandes sociétés, issues des pays émergeants, veulent croire qu’elles auront automatiquement une part du gâteau fiscal pour réaliser leur rêve d’être dans les « top ten » des plus grosses fortunes. Mais ce rêve, pour qu’il se réalise, nécessite de cacher des gains pour qu’il soit de moins en moins assujettis aux taxes les plus élémentaires, celles-là même qui servent à financer les services essentiels des plus démunis.

Autant notre désir d’exploiter nos ressources naturelles jusqu’à la dernière goutte d’eau nous dirigera vers des pénuries monstres partout sur la planète, autant soutenir le concept d’une richesse d’acquisition basée sur le « prends-le avant qu’un autre le prenne » nous entrainera inévitablement vers la spéculation à outrance, la guerre civile et la dépression des individus. D’ailleurs, à voir les grands titres des journeaux, depuis 2008, il se peut que l’art du « savoir-prendre » ait atteint des sommets inégalés sur les cinq continents.

Malheureusement, aujourd’hui il est facile de convaincre toute une population qu’elle sera riche parce qu’elle a des acheteurs pour ses ressources, même si ces acheteurs vont, en fait, vider les ressources jusqu’à l’épuisement sans valoriser d’aucune façon la culture et la générosité des citoyens propriétaires. Bien étrange, également, cette idée d’une richesse collective qui ne tient qu’à la consommation de biens et services et qui finit toujours par le gaspillage systématique de nos matières premières, voire par la dilapidation systématique de notre bien commun au profit d’un équilibre budgétaire que plus personne ne croit relié à une balance commerciale quelconque, mais plutôt à une visée bassement électoraliste.

Cette richesse des gagnants coûte extrêmement cher per capita. Cet « american way of life » n’a jamais été économiquement rentable. Ces fortunes d’entreprises qui n’existent que par l’accumulation de trésors de la guerre des marchés créent des disparités insurmontables entre les exploités et les exploiteurs. La richesse des nantis est constamment entretenue par des messages de réussite personnelle, des films sur la gloire des nababs ou des histoires d’escroc bon père de famille  (style Bernard Madoff).

La richesse, la vraie, celle qui n’est pas constamment soutenue par des stratégies marketing et des pirouettes comptables, prend racine dans une conscience populaire de l’héritage que nous laisserons aux futures générations. La richesse collective dont je veux parler est celle des bonnes relations, de notre implication communautaire, de notre vision de l’avenir comme du don de soi qui s’entretient non au moyen d’une commandite bien placée mais par une intention bien sentie d’abolir les inégalités de ce monde. Si, pour plusieurs, la richesse se matérialise après avoir travaillé, après avoir économisé, après avoir fait ceci ou cela et même après avoir volé son voisin, alors la notion même de richesse sera toujours un concept à la remorque d’une compétition malsaine entre ceux et celles qui veulent « prendre » tout ce qu’il leur tombe sous la main en prétextant vouloir faire rouler l’économie. Avant de s’approprier la richesse des autres comme celle du bien public, il faut savoir que nous vivons tous et toutes sur la même planète et que bientôt nous devrons développer une conscience planétaire, même si, pour ce faire, il nous faudra encore beaucoup de sagesse, de maturité et de détachement face à ce « savoir- prendre » qui nous dépossède tranquillement de notre «savoir-être».

Notre capacité à accumuler une fortune personnelle n’aidera en rien à faire évoluer l’humanité, même si cela semble la voie royale pour démontrer son pouvoir et mériter un statut privilégié dans la haute société. Un changement de paradigme est souhaité et attendu, sinon nous aurons la richesse collective que nous méritons…

Michel Delage

pdficon_largeTéléchargez l’article en format PDF

Nous sommes connectés à un océan d’abstractions

Image-janvier-2014_medL’être humain s’accroche à ses représentations symboliques et à son langage imagé parce qu’ils lui permettent de développer sa vision abstraite de la réalité au quotidien. Nos archétypes et nos symboles, utilisés par toutes les cultures, ont pour fonction de schématiser notre façon de penser.

Par exemple, la musique possède sa portée musicale qui transfère les sons en notes et codifie le rythme. La pensée mathématique a développé des axiomes et des équations comme cadres mnémotechniques afin de cristalliser ses raisonnements logiques. Les astrologues et les astronomes ont créé des cosmogrammes, des cartes du ciel et des figures emblématiques pour représenter les constellations du monde sidéral sur un seul plan, sans oublier les chimistes et les physiciens qui construisent régulièrement des modèles abstraits pour mieux visualiser l’infiniment petit et le remettre à notre échelle humaine. Le monde religieux, également, a volontairement sélectionné des formes géométriques pour miniaturiser l’essence spirituelle et la réduire en des signes particuliers.

Tous les secteurs d’activité humaine sont teintés de ces exercices de transfert où la complexité d’une situation, d’une réflexion, voire d’une vision du monde est replacée dans un cadre mnémotechnique à caractère symbolique. Le fait n’est pas banal d’autant plus qu’il date de la nuit des temps et permet de redécouvrir des formes de pensée primitive liées à des rituels dont l’objectif était et reste encore d’entrer en relation avec plus grand que soi. Même les autochtones actuels, qu’ils soient de la forêt amazonienne ou des déserts australiens, possède un langage riche en archétypes de toutes sortes afin de représenter ce qui a du sens pour leur communauté en un langage codé.

Nous évoluons tous et toutes dans un monde que nous interprétons comme physique au départ. Mais les plantes, les animaux, les montagnes et les océans cohabitent dans notre tête avec ces représentations symboliques appelés lettres, chiffres, formes géométriques, talismans porte-bonheur, graphiques, écussons, médailles et signes religieux qui semblent être la clé de voûte de nos valeurs humaines.

Nos activités sociales sont ainsi faites d’objets, de situations et d’êtres animés ayant un fort potentiel d’interprétation à double et triple échelle de valeurs, dont on peut constamment transférer le caractère concret et matériel en des représentations de plus en plus abstraites. Si notre monde de signes et de symboles est issu d’un effort imaginatif extraordinaire et d’une créativité collective sans égale, il est, par contre, un espace multi-facette où on ne sait plus toujours si l’objet symbolique porteur du message est plus important que la chose symbolisée. Heureusement, nous gardons malgré tout la mémoire des fondements philosophiques et sociaux qui animent tous ces systèmes symboliques (la culture, l’histoire, la religion, etc.).

Les  bases de notre langage appelées  archétypes sont intégrées à nos vies comme le rêve à notre sommeil et nous devons tenir compte de cette réalité pour notre évolution spirituelle. Toutes ces représentations symboliques vivent en nous, car nous sommes les seuls à en connaître la raison d’être et les seuls à saisir toute la grandeur d’évocation que cela présuppose. La pléiade de symboles que nous utilisons nous rappellent sans cesse que nous sommes des êtres structurés, réfléchis et connectés à un océan d’abstractions.

Michel Delage

pdficon_largeTéléchargez l’article en format PDF

Tout le monde veut consommer mais personne ne veut mourir

Image décembre 2La conférence de Varsovie sur le climat, novembre 2013, a certainement accentué un très grand malaise chez les écologistes du monde entier, augmentant d’un cran le pressentiment d’un destin tragique pour notre humanité si rien n’est fait pour stopper les politiques nationales de surconsommation de nos ressources naturelles. Nous devons absolument regarder avec plus de lucidité cette relation de dépendance aux produits transformés de toutes sortes car nous nous dirigeons, sans l’ombre d’un doute, vers des catastrophes climatiques à répétition. Souhaitons-nous vraiment être enterrés vivants sous des tonnes de déchets pour ensuite nous entretuer pendant un ravitaillement après un cyclone généré par les changements climatiques ? Si la question est grave et qu’elle se situe à plusieurs niveaux, il semble que nous attendons beaucoup trop patiemment que tout se réorganise miraculeusement à notre avantage comme si un superhéros était pour apparaître au dernier moment et régler ce problème complexe facilement.

D’abord, il y a les grandes entreprises de ce monde, aveuglées par la performance économique et la productivité bon marché, qui choisissent volontairement l’obsolescence programmée comme modus operandi d’efficacité et de rendement. Elles se disent : « Si tout se brise systématiquement, le consommateur rachètera inévitablement de nouveaux produits et s’habituera aux nouveaux cycles de vie de plus en plus court des produits usinés dans les pays émergents ». Parallèlement, tout le monde veut stopper le gaspillage mais continue à penser qu’il faut renouveler ses appareils informatiques tous les deux ans, sinon il sera impossible de rester en communication avec le reste de la planète. La consommation, à l’échelle planétaire, est devenue, au moyen de la publicité, une activité sociale qui vise à rassembler des communautés et des groupes d’intérêts pour augmenter les ventes. La promotion de bouche à oreille étant la meilleure méthode pour se garantir de nouveaux clients, la vente dans son essence devient conviviale, sociale et relationnelle avant tout. Donc, impossible d’arrêter la consommation sans perdre…des amis.

Paradoxalement, aucun secteur d’activités ne souffre d’un manque de solutions novatrices pour créer de nouveaux produits toujours plus attrayants et supposément essentiels à la vie moderne, alors que nous manquons toujours de temps, d’énergie et de ressources financières pour mettre en place des politiques qui privilégieraient la simplicité volontaire. De plus, comme les données scientifiques montrent que le commerce équitable ne pourra effacer les empreintes écologiques laissées par le transport en camions, trains, bateaux et avions, il sera difficile d’arrêter cette mondialisation des marchés qui participent à la circulation des biens et services et qui, quotidiennement, dégradent de larges pans de notre environnement.

À l’égal des alcooliques anonymes qui doivent faire l’effort de se sortir de leur dépendance en avouant publiquement s’être égarés, le consommateur du monde entier doit cerner la source de son besoin compulsif d’améliorer coûte que coûte son standing de vie et son estime de soi par l’accumulation systématique d’objets de toutes sortes. Pour guérir de ce TOC moderne à l’échelle R (Trouble Obsessionnel Compulsif de la Récompense), il faut refuser personnellement de participer à une spirale sans fin qui nous entraine collectivement à nous valoriser et à nous récompenser constamment au moyen d’achats dont nous pourrions, en définitive, facilement nous passer. Une prise de conscience populaire s’impose pour changer de paradigme et inverser nos mauvaises habitudes. Le développement des individus devrait être directement lié non pas à leur pouvoir d’achat mais à leur implication dans la communauté pour préserver nos ressources.

Avez-vous déjà essayé de ne rien acheter de neuf pendant une semaine, voire un mois ? La première journée peut sembler facile, mais la deuxième demande de dire NON à quelque chose. Le reste du mois, vous aurez à dire OUI à une autre vision qui implique de réfléchir à l’avenir des prochaines générations. Pour trouver des solutions à la surconsommation, il faut nous mettre dans une situation qui provoquerait la découverte de cet être que nous serions sans cette préoccupation de comparer quotidiennement notre degré de richesse ou… de pauvreté avec collègues et amis. Il est clair que d’arrêter ses achats non essentiels demande d’entretenir une vision à très long terme du bien commun. La terre, l’eau, les arbres ne sont pas un immense centre commercial dont les exploitants peuvent, à leur gré, se réserver l’utilisation à des fins lucratives parce qu’un marché d’acheteurs existe où parce qu’il y a une demande ponctuelle à l’autre bout du globe.

La surconsommation est un phénomène d’entrainement mondial difficilement réversible. Notre humanité devra obligatoirement se réorganiser psychologiquement en ayant un autre point d’ancrage que l’investissement dans cette machine mange-tout du libre marché déguisé en libre-service sauvage. L’illusion de vivre à l’intérieur d’une corne d’abondance planétaire ne pourra durer éternellement. Maintenant, il ne s’agit plus de savoir qui va payer la facture, mais bien qui veut appliquer les nouveaux principes de vie responsables et donner l’exemple dans son cercle d’amis.

Michel Delage

pdficon_largeTéléchargez l’article en format PDF

Croire aux symboles ou symboliser ses croyances ?

symbole novembreQue ce soit dans le domaine de la science, de la religion, de la poésie, de la philosophie et même de la divination, symboliser notre pensée est primordial pour manipuler l’abstraction et jongler mentalement avec de multiples dimensions à la fois. Symboliser fait donc partie intégrante de notre processus de création du sens, et ce, depuis des centaines de milliers d’années. Par contre, il faut absolument faire une différence entre symboliser ses croyances et croire aux symboles. Si l’un permet de synthétiser la pensée humaine pour mieux se représenter une dimension complexe de la réalité, l’autre place en avant-scène un besoin de chosifier l’abstraction qui génère trop souvent des polarités transférables en une série de superstitions. En effet, l’interprétation de nos univers symboliques est susceptible de dérives, dans lesquelles les plus fragiles psychologiquement se laissent entraîner. Quand la vue d’une photo d’un porc provoque une peur panique d’avoir enfreint un code de vie ou qu’une simple forme géométrique cautionne la stigmatisation automatique d’un groupe d’individus, il y a inévitablement confusion entre la représentation symbolique et ce que nous entendons par la réalité concrète. Est-ce qu’un simple foulard peut indiquer un degré de religiosité quelconque ? Est-ce qu’un chiffre plus qu’un autre permet de garantir des gains à la loterie ? Est-ce que la perte d’un objet de culte fait disparaître automatiquement la motivation de prier ? Est-ce qu’une tête de mort sur un chandail indique inévitablement que le porteur a des idées suicidaires ? Les réponses que vous donnerez vous aideront à préciser si vous croyez aux symboles ou si vous symbolisez vos croyances. Continuer la lecture de « Croire aux symboles ou symboliser ses croyances ? »