Se préparer à un grand changement de paradigme

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«Quand le dernier arbre aura été coupé, quand la dernière rivière aura été empoisonnée, quand le dernier poisson aura été pêché, vous découvrirez, mais trop tard, que l’argent ne peut pas se manger»
Proverbe amérindien

De quoi s’agit-t-il au juste quand on parle de changement de paradigme * ?

Nous avons tous et toutes une vision partielle du monde actuel, qu’elle soit bonne ou mauvaise. Mais il arrive un temps où nous sommes obligés de modifier cette vision pour nous ajuster au développement futur de nos sociétés.

La façon de voir notre économie, les principes qui régissent l’univers autant que les fondements moraux de nos comportements en société peuvent être révisés et, quand toute une partie de la population y voit une occasion d’évoluer, il y a la naissance d’un nouveau paradigme. Malheureusement ou heureusement, il y a toujours de la résistance au changement et, quand se pointe un nouveau paradigme à l’horizon, les changements ne sont pas automatiquement acceptés, voire compris. Un changement de paradigme est une sorte de transition, parfois douloureuse, qui nous demande un effort supplémentaire pour modifier nos vieilles façons de penser.

Au seizième siècle, les Incas ont dû abandonner les sacrifices humains pour apaiser la colère divine une fois conquis par les Espagnols. Les Européens ont dû abandonner le transport à cheval pour le transport mécanisé quand le train et l’automobile ont fait leur apparition . Plusieurs religions ont dû abandonner leurs croyances sur la formation de l’univers pour accepter une approche plus scientifique. La Chine a abandonné le régime impérial pour le communisme. De même, en 1945, l’empereur du Japon et toute sa population ont dû abandonner la notion de droit divin après leur défaite. Faites l’exercice et vous trouverez dans l’histoire une suite de transformations sociopolitiques qui ont été identifiées à des changements de paradigme correspondant à une nouvelle représentation du monde.

En 2012, tous les pays sont amplement diagnostiqués comme hyperpollués, sur- hypothéqués, envahis par diverses maladies liées à nos modes de vie axés sur la performance économique. Cette «vision» d’un monde basé sur l’économie de marché où chaque individu peut obtenir tout ce qu’il veut moyennant de l’argent ne tient plus. D’ailleurs, le système financier qui régit la circulation de l’argent est dans une crise tellement grave que presque personne ne voit logiquement comment il peut encore survivre. Il n’y a que les banquiers, les économistes et les dirigeants des gouvernements qui tentent, tant bien que mal, de sauver un système qui nous entraine non seulement vers la faillite financière mais vers la faillite de nos ressouces naturelles et même de nos objectifs sociaux. Étrangement, nous pouvons nous endetter collectivement pour les 10 prochaines générations afin de sauver un système qui ne profite qu’à une poignée d’individus, mais nous ne pouvons pas utiliser cet argent virtuel pour nourrir les plus démunis ici, maintenant et tout de suite.

La richesse sur le dos des générations à venir n’a tout simplement plus de sens. Cette richesse, fondée sur des dettes nationales et même mondiales d’une ampleur inimaginable, correspond à un vieux paradigme lié à une sorte d’esclavage obligatoire des uns au profit des autres. Quel peuple peut payer plus de 200 milions de dollars d’intérêt par jour sur une dette de 15 mille miliards seulement parce que la logique administrative en a décider ainsi ? De la même façon, quel père de famille accepterait de couper le doigt à son fils pour que son sang soit versé sur un champ de maïs afin d’ avoir une bonne récolte ? Ces sacrifices humains existaient au temps des Incas mais ne pourraient plus être pratiqués aujourd’hui. La gestion de notre système financier n’a plus de sens quand les résultats sont l’esclavage, la famine, la désertification, la déforestation, la surpêche, le tout uniquement pour s’appropier un marché et monopoliser des ressources afin d’augmenter le pouvoir de quelques-uns.

Le dieu de l’économie a désigné le peuple comme futur sacrifié sur l’autel de la richesse personnelle afin de préserver les privilèges de ceux et celles qui contrôlent le système mis en place. Nous allons tête baissée vers une rupture de stock et une rupture de notre équilibre social. Alors, comment faire la transition ?

Un changement de paradigme s’impose et nous devons nous préparer à abandonner cette fausse richesse dont seul quelques-uns profitent. Le tout est de savoir comment se préparer à une nouvelle vision de notre monde. Chaque individu est concerné. Chaque individu est partie prenante de ce changement à grande échelle tout en étant responsable de notre futur développement.

Michel Delage

Un paradigme est une représentation du monde , une manière de voir les choses, un modèle cohérent de vision du monde qui repose sur une base définie (matrice disciplinaire, modèle théorique ou courant de pensée)

http://fr.wikipedia.org/wiki/Paradigme

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