La mémoire collective est-elle une pure fiction ?

Images mémoire

La mémoire humaine, vu sa très grande complexité, a été segmentée en plusieurs mémoires afin de mieux comprendre ses multiples fonctionnalités. En premier lieu, il y a la mémoire à long terme (arbitrairement opposée à la mémoire à court terme) qui constitue des souvenirs dépassant une valeur de durée prédéfinie via des actions journalières effectuées, souvent, il y a  quelques heures. Même si la mémoire à court terme est totalement en vase communiquant avec une pléiade de souvenirs situés dans un passé relativement éloigné, on préfère se visualiser une mémoire dans une temporalité duel : c’est-à-dire du court et du long terme.

Il faut également parler de ces types de mémoire que je mentionnerais d’une manière aléatoire en les définissant par une seule phrase, simplement pour rappeler rapidement que le processus cognitif possède des repères sans toutefois pouvoir complètement cerner la logique de nos cadres mnémoniques :

*La mémoire procédurale permet l’acquisition et l’utilisation de compétences motrices, comme faire du vélo, pratiquer un sport.

*La mémoire déclarative est responsable de la mémorisation de toutes les informations sous forme verbale, c’est-à-dire celles que l’on peut exprimer avec notre langage.

*La mémoire sémantique et mémoire épisodique est la mémoire des événements de la vie personnelle, notamment pour rendre compte des symptômes de certains patients cérébrolésés présentant des troubles spécifiques à l’un de ces deux types de mémoire.

*La méta-mémoire c’est-à-dire une mémoire de la mémoire, caractérisée par le souvenir des variations de celle-ci; elle permet à l’esprit de s’abstraire du présent et d’imaginer un cours du temps en considérant la succession des souvenirs de ses états de mémoire ou, plus précisément encore, le souvenir des variations de sa mémoire.

Et que dire de la mémoire visuelle, sonore, kinesthésique, autant que de la mémoire explicite, implicite, la mémoire des odeurs et plusieurs autres mémoires servant à préciser la cartographie neurologique ?

Sans oublier cette mémoire collective dont je voudrais parler par le biais du principe du 100e singe **. Or, ce principe dit qu’un jour un singe, ayant lavé dans la rivière la patate qu’il allait manger, donna l’idée à d’autres singes de faire la même intervention. Après que le 100e singe eut posé le même geste, l’information aurait été encodée dans une mémoire collective, ce qui aurait permis à d’autres singes «d’imiter» inconsciemment cette façon de faire.

Dans le même esprit, en Angleterre, au début du XXe siècle, une pie avait percé le couvercle de carton d’une bouteille de lait déposée par le laitier sur le perron d’une maison. Après un certain temps, on remarqua que presque toutes les pies perçaient les couvercles pour avoir accès au gras se déposant sur le dessus des bouteilles vitrées. Les enfants furent donc atteint d’un microbe dont on ne savait pas l’origine, et une enquête mit à jour que le principe du 100e singe était bel et bien applicable, aussi bien chez les primates que chez les oiseaux.

Bref, si l’on peut parler de l’existence d’une mémoire collective chez certains animaux, existe-t-il une mémoire collective chez l’humain ? Assurément, car le développement exponentiel de nos sociétés sur plusieurs points du globe, et ce presque simultanément, fait naître des idées presque similaires, voire bizarrement…identiques.

Dans le même type de milieux incubateurs, qu’on l’appelle le monde des affaires, de la science, des arts, de la politique ou de la religion, le comportement humain est étrangement le même. Mieux encore, indépendamment de la pluralité culturelle et de l’éloignement géographique, l’organisation sociale, pour le meilleur ou pour le pire, adopte des «réflexes conditionnés» quand il s’agit de résister aux changements, comme par exemple d’utiliser une nouvelle technologie ou encore de faire du commerce.

Cette idée qu’il y a une trace de cette mémoire collective chez les humains à l’instar des animaux nous amène donc à réfléchir sur la synchronicité sociale. Comment pourrions- nous déceler cette mémoire collective sinon dans nos propres comportements. Tous les hommes (et les femmes) de tous temps, toutes cultures confondues, font du commerce et s’échangent de la matière pour leurs besoins primaires. Tous les hommes veulent s’exprimer, parler et partager leurs sentiments. Tous les hommes inventent, créent et utilisent des outils pour avoir l’impression d’augmenter leur qualité de vie. Tous les hommes veulent croire à un au-delà ou à un paradis, voire un lieu sacré par excellence. Tous les hommes veulent se battent pour leurs idéaux. Enfin, tous les hommes souhaitent perpétuer la famille ou protéger leurs proches.

Bref, il y a beaucoup de dénominateurs communs entre les hommes, et surtout beaucoup de souvenirs et d’actions communes qui nous font la démonstration que cette mémoire collective prend le dessus sur une «différence culturelle» qui isolerait – sinon limiterait – temporairement notre développement sociétal.

Alors, si cette mémoire est à l’oeuvre depuis longtemps, et qu’elle est une sorte de banque de données inépuisable sur notre évolution, comment se fait-il que nous revenons presque toujours à la case de départ quand nos sociétés sont sur le bord d’une grande transformation, voire d’un changement socio-politique imminent ?

La mémoire collective humaine est fascinante – et tellement riche – que nous devrions aller puiser dans ses coffres pour y découvrir à quel point notre humanité a pu transcender ce qui lui semble des obstacles de parcours récurrents.

Alors, utilisez-vous cette mémoire dans votre quotidien pour augmenter la qualité de votre organisation, de votre apprentissage ou même à l’intérieur de vos transformations personnelles ?

*Wikipédia (processus cognitif) **La mémoire de l’univers Rupert Sheldrake

Michel Delage

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